Interventions dans l'hémicycle

Des bibliothèques ouvertes à toutes et tous

Aussi saugrenu que cela puisse paraître, il n'existe pas, à l'heure actuelle, dans la loi, de définition claire des missions des bibliothèques territoriales, qui jouent un rôle absolument central dans l'accès de tous à la culture et dans la promotion de la lecture. C'est pour remédier à ce manquement et pour prendre en compte l'évolution des rôles et des outils de nos bibliothèques que nous avons examiné une proposition de loi de Mme Florence Provendier. 

J'ai notamment alerté durant cet examen sur l'interdiction de cession à titre gratuit des livres obsolètes, car cela conduisait à obliger les bibliothèques à les jeter à la poubelle au lieu de les proposer aux entreprises de recyclage et revente de livres d'occasion dont c'est précisément l'objet. 

J'ai également voulu intégrer la notion d'accessibilité des bibliothèques au sein de ce texte. En tant qu'établissement recevant du public, les bibliothèques sont en général accessibles aux personnes à mobilité réduite ; mais la notion d'accessibilité ne s'arrête pas là. Car rendre les collections accessibles à toutes et tous, c'est aussi prendre en compte les handicaps sensoriels ou cognitifs qui rendent la majorité des ouvrages de bibliothèques inaccessibles pour les personnes concernées.

Que ce soit pour les personnes malvoyantes ou pour les personnes touchées par un trouble de l'apprentissage ou un trouble cognitif type "dys", il est important d'aider les bibliothèques à rendre leurs fonds plus accessibles ; cela peut-être par des versions audio, ou par l'utilisation d'outils facilitant la lecture par les enfants et adultes atteints de troubles cognitifs. Je remercie à cet égard très sincèrement les dirigeants de MOBIDYS, qui travaillent à développer des outils numériques accessibles aux publics "dys" en allégeant leur charge cognitive (aide au repérage et à l'attention, au déchiffrage et à la compréhension grâce à une interface intuitive), pour leur aide sur ce texte et pour avoir eu la gentillesse de me présenter leur action au service des "dys". 

La proposition de loi de Florence Provendier relative aux bibliothèques et à la lecture publique est actuellement en 2ème lecture au Sénat. 

➡️ en savoir plus sur MOBIDYS : https://www.mobidys.com/

➡️ en savoir plus sur la proposition de loi relative aux bibliothèques et à la lecture publique : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/DLR5L15N41616 

⬇️ retrouvez ci-dessous mon intervention lors de l'examen de ce texte : 

« La fonction essentielle d’une bibliothèque est de favoriser la découverte de livres dont le lecteur ne soupçonnait pas l’existence et qui s’avèrent d’une importance capitale pour lui. » Avec cette phrase très juste, Umberto Eco avait un jour résumé toute l’importance des bibliothèques dans notre société et le rôle essentiel que joue la lecture dans le développement de chacun.
Je me réjouis que nous puissions consacrer du temps à ce thème essentiel du livre et, plus largement à l’accès à la culture. Les plus de 16 000 bibliothèques municipales qui maillent notre territoire sont une chance inouïe d’émancipation pour nos concitoyens qui, en moyenne, ne vivent qu’à vingt minutes de l’une d’entre elles.
J’en profite pour saluer les professionnels – mais aussi les nombreux bénévoles, particulièrement dans les petites communes – qui animent et font fonctionner nos bibliothèques.
Celles-ci sont devenues, au fil du temps, des lieux de travail, d’échange et de rencontre. J’en veux pour preuve que 50 % des utilisateurs n’empruntent pas de livre. Ainsi, la bibliothèque comme lieu de vie peut permettre de retrouver du lien dans un environnement ouvert, entouré de mille richesses.
Je salue donc l’initiative de notre collègue sénatrice Sylvie Robert qui, grâce à cette proposition de loi, nous permet de réparer un manquement. En effet, nos bibliothèques souffraient de l’absence d’un cadre législatif aussi complet que celui accordé, dans le code du patrimoine, aux archives ou aux musées.
Le texte a été utilement modifié en commission et je voudrais vous féliciter, madame la rapporteure, pour votre travail. Plus de 16 000 bibliothèques, ce sont beaucoup d’œuvres qui circulent et de nombreux roulements dans les collections. Je me réjouis donc que nous ayons pu intégrer une démarche d’économie circulaire plus extensive qui permettra de donner une seconde vie aux livres. Bien qu’il soit impératif de décourager toute spéculation sur des biens publics, on ne saurait se résoudre à préférer mettre des milliers de livres à la poubelle plutôt que de leur donner la chance de faire le bonheur d’une autre personne. J’ai été très satisfaite que Mme la rapporteure dépose et fasse adopter un dispositif équivalent à celui que j’avais proposé par voie d’amendement et qui a permis d’intégrer dans le circuit les entreprises à vocation solidaire et durable chargées du recyclage, de la remise en état et de la revente des livres destinés à la benne.
Enfin, je voudrais revenir sur la question de l’accès des personnes handicapées aux bibliothèques. D’abord, en tant qu’établissements recevant du public, les bibliothèques doivent naturellement permettre l’accessibilité des bâtiments, et elles doivent être encouragées et accompagnées dans cette démarche. Mais toute aussi importante est la question de l’accessibilité des collections. Le principe d’égalité d’accès au service public, rappelé à l’article 1er, rend nécessaire l’adaptation des collections – par la mise à disposition de livres audio, de retranscriptions ou de toute autre forme de document – aux différentes situations rencontrées. Nous pensons bien sûr aux personnes souffrant de troubles sensoriels ou cognitifs empêchant la lecture, comme les publics malvoyants ou non-voyants, mais aussi – je tiens à en parler – à celles – notamment les enfants – qui connaissent des troubles cognitifs spécifiques ou des troubles de l’apprentissage, à l’image de ce qu’on appelle communément les « dys » : dysorthographie, dyslexie, troubles de l’attention ou de la mémoire.
La culture est notre plus grande richesse, elle est un bien universel qui doit être mis à la portée de tous. Aussi, je vous remercie, madame la rapporteure, de m’avoir proposé de retravailler ensemble mon amendement sur le sujet qui, en commission, avait retenu votre attention.
Le travail que nous faisons ici doit être abordé en toute intelligence, de façon constructive. Je suis heureuse, madame la rapporteure, que nous ayons pu œuvrer ensemble dans cet esprit. En insérant une telle mesure dans le texte, nous enverrions un signal important en faveur de l’égalité. Le groupe UDI et indépendants aborde très favorablement cette proposition de loi qui, je l’espère, fera l’objet d’un large consensus.

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